« Je … commençai-je, sans ne savoir vraiment quoi dire. Je ne savais pas que tu étais là. » Mon coeur accéléra, comme toutes les fois où je me retrouvais en face de lui. Il était là, juste devant moi, tellement grand. Je me forçais de garder ma respiration plus ou moins normale, hésitant à dire quoi que ce soit. « J'allais en cours, ma présence ici est totalement fortuite ... » dit-il d'un ton plutôt sec. Je ne répondis pas. Un blanc se creusa. Il était là, juste devant moi, et je n'avais rien à dire. Je me sentais tellement petite face à lui. Je ne savais vraiment pas quoi dire, mais je restais là, sans bouger, sans parler. Je me rappelais alors le nombre de fois où j'étais restée éveillée jusqu'à des heures très tardive juste pour lui parler, le nombre de fois où j'avais fait des détours dans tout le lycée juste pour le voir ou pour avoir droit à un simple sourire, le nombre de matchs de football où j'avais assisté juste pour le voir, alors que je haïssais simplement le football. J'aurais tout fait pour lui tout. « Quitte les .. Pour nous ... » Je levai la tête pour le regarder à nouveau dans les yeux. Tout, non. La seule chose que je ne ferais pas pour un homme ou pour quoi que ce soit, c'était quitté ma famille. Même ma deuxième famille : Le Glee Club. Faire partie du Glee Club c'était, pour les autres étudiants, faire partie des loosers. Pour les footballeurs et pour les cheerios plus spécialement. Blaine étant un des footballeurs, cela lui déplaisait extrêmement que je fasse partie du Glee Club. Je me rendis alors compte qu'il tenait ma main. Blaine ou le Glee Club. Le Glee Club ou Blaine. Je ne savais pas du tout quoi faire. J'aimais Blaine, vraiment. Peut-être un peu trop d'ailleurs. En peu de temps, j'étais tombée amoureuse de ce garçon, et je ne savais absolument pas pourquoi. « Blaine, je ... » Difficilement je retirais ma main de la sienne, même si j'aurais tout donné pour la tenir indéfiniment. « Je ne peux pas quitter le Glee Club. » Je croisai mes bras autour de ma poitrine, pris une grande inspiration et me lança dans une explication qui, je l'espérais, prouverais à Blaine que le Glee Club était vraiment important pour moi. « Me demander de quitter le Glee Club pour toi, c'est comme me demander de quitter ma famille. Tu ne sais pas tout ce que ce club m'a apporté. Pour vous, nous ne sommes que des loosers, mais tu ne comprends vraiment pas.» Je me stoppais un peu, reprenant ma respiration. « Participer à quelque chose de spécial, ça peut vous rendre spécial. Pour moi, le Glee Club, c'est spécial. Et je me sens spéciale quand je chante avec eux, comme toi tu te sens spécial quand tu joues. » Je le comprenais, certes, mais je ne voulais pas quitter le Glee Club, ils m'apportaient trop. Je le regardais, d'un air désolé. Je ne voulais pas le perdre pour ça. Je me sentais comme si j'avais dit la plus grosse sottise de ma vie, comme si j'avais fait une terrible erreur. « Je suis désolé mais je ne te comprends pas. » Forcément qu'il ne comprenait pas. Le football était un jeu de brusque qui ne servait qu'à montrer à quel point, en faisant partie du Glee Club, on pouvait facilement finir au fond de la benne à ordure en moins de temps que de dire ''au secours''. « Nous pourrions être heureux, tous les deux .. Et tu es prête à sacrifier tout cela pour pousser la chansonnette avec ta .. ta famille ? Comment tu peux même les considérer comme tes proches ? Ce sont tous des débiles ! » Débiles. Voilà le mot. Nous étions, pour eux, les populaires, de simples débiles. L'emploi de ce mot par Blaine me blessa. Il savait pourtant que je tenais énormément au Glee Club. Des débiles ? Pourquoi n'irais-tu pas voir une des poufs de Cheerios alors ? Mais je ne dis rien, continuant à le fixer avec attention. Peut-être finirait-il par se rattraper. « Ce que je veux dire c'est que .. ce n'est pas pareil avec le foot. Ça m'apporte plein de choses d'être dans l'équipe, alors que le Glee Club, cela ne t'apporte qu'une mauvaise réputation et tout ce qui va avec. Tu serais bien mieux sans eux. » Je pris une grande respiration pour lui répondre. Il en faut du courage, quand celui que vous aimez plus que tout vous pose un ultimatum comme celui-ci. Mais je n'eus pas le temps de dire quoi que ce soit. Il posa sa main sur un casier, m'obligeant à rester en face de lui. Il était là, grand, et j'étais si proche de lui que je n'avais qu'une envie: l'embrasser. Je détournais la tête, pour me retenir de faire quelque chose qui aurait pût faire chuter la popularité de Monsieur. Il reprit la parole, chuchotant cette fois, pour ne pas se faire entendre ou pour simplement me faire craquer. « Je ne pourrai supporter cette situation encore plus longtemps .. Si tu ne te décides pas à quitter le Glee Club, je passerai à autre chose ... » Je lui lançai un regard noir. Il était près à me laisser pour cette foutue popularité ? Les larmes me montèrent aux yeux doucement, mais je me retins d'éclater en sanglots. Avec une grande inspiration, je finis par me lancer. « Tu serais près à tout gâcher entre nous pour ta réputation ? Je croyais ... Je croyais que tu tenais à moi, un minimum du moins. Blaine, tu ne comprends vraiment pas. Je me sens bien avec le Glee Club, et je me sens bien avec toi. Je ne pourrais vivre sans un des deux. Ça compense pas tu vois, c'est pas parce que je suis avec toi que je n'ai plus besoin du Glee Club. J'ai choisi en début d'année, je savais que faire partie du Glee Club s'était forcément dire adieu à être populaire ou quoi que ce soit, mais je ne pensais pas cela affecterait quelqu'un à ce point-là. » Je sentis une larme couler sur ma joue, je me dépêchais de l'essuyer. Je ne voulais pas que le beau blond pense que j'étais faible ou quoi que ce soit. « Blaine, je tiens énormément à toi, mais si tu ne veux pas comprendre que le Glee Club est autant important pour moi que ta foutue réputation, je ne vois pas ce qu'on va faire. » Il y eu un petit blanc. « J'ai besoin de toi. » Il leva sa main, doucement, avant de caresser ma joue humide. J'aurais voulu qu'il reste là, à caresser ma joue, sans s'inquiète de rien. Oublier cette embrouille. Mais non, il retira sa main et la rangea dans sa poche. D'habitude, quand nous étions seuls, il était tellement gentil avec moi. Il n'était pas comme ça, à essayer sans cesse de me faire quitter le club. Je baissais les yeux, comme déçue. Je savais qu'il haïssait le Glee Club, comme 90% des footballeurs, mais à chaque fois qu'il me le faisait remarquer, cela me blessait. Pourquoi ne pouvait-il pas vivre avec le fait que j'étais une membre du Glee Club ? Ce n'était pas une tare que d'aimer chanter, bon sang ! Il retira sa main du casier, me retirant de mes pensées. Je levais à nouveau la tête, me retrouvant encore envoûtée par ses magnifiques yeux. « J'ai besoin de ma réputation pour survivre, sans ça, je ne suis rien. » Il passa sa main dans ses cheveux, ses cheveux blonds tellement beau. Il lança un regard au alentour avant de reprendre. « Je tiens énormément à toi mais .. il faut que tu comprennes que je ne changerai pas ma position. » Il tenait à moi. Le mot me fit sourire, mais il continua vite à parler, et mon sourire ne prit que quelques secondes pour s'évanouir.. « Tu n'as pas l'air de vouloir changer la tienne non plus alors je propose que .. nous ne nous voyions plus. C'est fini. » C'est fini. Ce mot agit comme un coup de poignard dans mon coeur. Tout ce qu'il m'avait dit depuis 10 minutes n'étaient rien comparé à ça. J'eus un mouvement de recul, me retrouvant collé contre mon casier. Comment ... Comment pouvait-il ? Je fermais les yeux, voulant me convaincre que ce n'était qu'un vilain cauchemar. Je finis par rouvrir les yeux. Non, ce n'était pas un cauchemar, j'étais toujours là, dans les couloirs du lycée, et il était toujours là avec son air qui me semblait si menaçant. « Tu as quelque chose à dire à propos de ça ? » « Quelque chose à dire ? » Enchaînais-je très rapidement. Je sentis à moi une haine profonde, comme si en quelques secondes, j'allais débitée tout ce que j'avais sur le coeur. « Comment tu peux me faire ça ? Je croyais que ... Tout ce que tu m'as dit c'était que des conneries alors ? Tu ne comprends pas que j'ai vraiment vraiment besoin de toi, ainsi que du Glee Club ? Je sais que tu tiens à ta popularité et d'ailleurs je t'ai jamais demandé de la lâcher pour moi ... Pour nous. » Je fis une pause, reprenant ma respiration. Après quelques secondes de silence, je réussis plus ou moins à me calmer. « Tu peux pas me demander de choisir entre toi ou le Glee Club ... » Je pris sa main. J'aurais tout fait pour ne pas le perdre, mais je ne voulais pas quitter le Glee Club. À peine ma main effleura la sienne qu'il la reprit, comme si mon geste affectif le dérangeait, chose qu'il ne faisait jamais et qui, une nouvelle fois, me blessa. « Si je peux. C'est soit ma réputation, soit ton petit glee club. Et à choisir, je préfère encore ma réputation. » Il préférait sa réputation à moi. Il l'avait dit. A ce moment, j'aurais voulu tout lâché, tout laissé tomber. Il préférait sa réputation ? Et bien alors, je serais peut-être bien mieux sans lui, qui sait. Je n'aurais plus à me prendre la tête, il n'y aurait plus que moi et le Glee Club. Ça aurait pu être bien oui, mais ça n'était pas envisageable, parce que sans Blaine, je me sentais comme vide. Rien que passer deux jours sans lui me donnait envie de m'enfouir sous ma couette et de ne plus ressortir. Je ne pouvais même pas songer à le laisser partir comme ça, du jour au lendemain. « J'ai pris ma décision. Nous ne devons pas rester ensemble si c'est pour se buter encore et encore à la même évidence : ni toi ni moi ne voulons renoncer à ce qui nous tient à coeur. Cela prouve bien que nous ne nous aimons pas .. tant que ça. » Je le fixais, regardant droit dans ses yeux, ses magnifiques yeux qui m'avaient fait tellement craquer quelques mois auparavant. Comment pouvait-il être si différent d'un jour à l'autre ? Ça en devenait désespérant. Parfois il était l'homme le plus gentil au monde avec moi et parfois il était juste ce footballeur creux et prêt à tout pour me faire souffrir. Il croisa ses bras, regardant le plafond et je finis par regarder mes pieds, me sentant terriblement mal face à cette situation. « Ce sont des adieux alors. Porte toi bien. » Adieu ? Je levais la tête d'un coup net, le cherchant du regard. Adieu, vraiment ? Je le vis s'éloigner, comme si pour lui, cet adieu était plus un soulagement qu'autre chose. Je ne savais pas quoi faire. Le laissé partir ? Non, jamais. C'était hors de questions. Je tenais trop à lui. Je le suivis et, quand le moment vu approprié, j'attrapai rapidement sa main, l'attirant dans un petit couloir à l'abri des regards. Il était là en face de moi et malgré cette envie de le gifler, je me mis sur la pointe des pieds, l'embrassant doucement. Quelques secondes passèrent et je finis finalement par me reculer, me retrouvant à un bon mètre de lui. « Donne-moi encore un peu de temps. S'il te plait. J'y arriverais pas sans toi. » Je restais là, le regardant de nouveau. Je ne savais plus quoi dire pour le faire changer d'avis.