Une porte venait de s'ouvrir dans un grand fracas et laissa entrer Josh dans sa chambre et celle de sa femme. Il était essoufflé après avoir monté deux étages en courant à toute vitesse suite à un appel ou plutôt un cri de sa bien-aimée.
« Josh ! Viteee ! Je viens de perdre les eaux ! » avait-elle crié depuis sa chambre.
Amélia était désormais debout, figée sur place, les bras le long du corps. Sur le coup, elle n'avait rien su faire d'autre que de crier à l'aide auprès de son mari. Quand elle l'aperçu dans l'entrée de la porte elle poussa un long soupir de soulagement avant de se ruer vers lui. Aussitôt, il l'a pris dans ses bras sans prendre en compte les protestations d'Amélia. Il fit extrêmement attention à Amélia ainsi que son bébé et il descendit doucement les marches, les unes après les autres. Une fois en bas, il garda sa femme dans ses bras et attrapa avec agilité la valise déjà toute préparée, comprenant tout ce dont aurait besoin madame Hopkins à l'hôpital et aussi tout ce dont aurait besoin leur bébé à la naissance. Sa femme dans les bras, la valise dans une main il s'avança vers la voiture.
Ils avaient attendu cette journée avec impatiente. L'inquiétude qui avait pris place depuis presque neuf mois maintenant venait de grimper à une folle allure en une seule soirée. La famille Hopkins était inquiète et cela se sentait, qui ne le serait pas après tout dans un moment comme celui-ci ? Quand vous savez, que bientôt vous aurez dans les bras un petit être. L'appréhension et la nervosité avaient également pris place au sein des Hopkins. Amélia se posait tous un tas de questions, espérant qu'elle y trouverait une réponse, mais ce fut sans grandes convictions. Elle avait peur, atrocement peur, ça se lisait dans ses yeux. Si jamais l'accouchement ne se passait pas comme prévu ? Se disait-elle, si jamais il s'en suivait des complications, des problèmes, que se passera-t-il ? Elle n'avait pour l'instant aucune réponse et pour le moment son seul réconfort était la voix de son mari qui par tous les moyens, essayait de la rassurer.
Ils ressentaient exactement la même chose qu'il a deux ans, quand leur premier enfant était né. C'était un garçon, un garçon qu'ils avaient nommé Jefferson. Désormais il avait deux ans et lui aussi malgré son jeune âge attendait avec impatience l'arrivée de son petit frère ou sa petite soeur.
L'hôpital le plus proche se trouvait à côté du centre-ville de Cambrigde, car c'était dans cette ville qu'ils avaient décidé de venir vivre après leur mariage. Trois ans, trois ans qu'Amélia ne s'appelait plus Brightside, mais Hopkins. Trois ans qu'ils ne vivaient que d'amour et d'eau fraiche, désormais ils ne vivraient que d'amour, de famille et d'enfants.
Ils arrivèrent enfin à l'hôpital après avoir déposé Jefferson chez ses grands-parents qui vivaient dans la même ville. C'est avec rapidité que Josh descendit sa femme ainsi que la valise de la voiture et qu'il s'empressa d'entrer dans l'hôpital. Amélia fut rapidement conduite dans une chambre, le temps d'attendre que les contractions soient au maximum rapprochées et après cela, elle n'aura plus qu'à pousser de toutes ses forces et attendre que son enfant sorte de son ventre.
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« C'est une jolie petite fille » annonça la sage-femme qui venait d'envelopper leur fille dans une serviette. Josh coupa le cordon ombilical et quelques minutes après, Amélia se retrouva sa fille dans les bras. Le moment était important, ils allaient devoir lui donner un prénom. Ils y avaient déjà réfléchis et se sont rapidement mis d'accord.
« Théodora, c'est bien ce qu'on avait dit n'est-ce pas ? » demanda Josh à sa femme.
« C'est bien cela oui et son deuxième prénom sera Callista. Théodora Callista Hopkins. » A cet instant un grand sourire apparut sur le visage d'Amélia. Ses yeux brillaient de bonheur, l'accouchement s'était passé sans encombres et leur fille se portait en bonne santé, tout allait pour le mieux. Ils allaient maintenant être une famille véritablement heureuse et soudée.
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« Maman, je veux faire de la danse. » Théodora avait huit ans et elle savait déjà dans quel domaine serait son métier plus tard, la danse. Ses yeux grands ouverts, elle fixa sa mère un long moment attendant une quelconque réponse de sa part.
« Quel genre de danse ? Tu sais, il en existe plusieurs. Puis ce n'est sûrement pas donné, ça ne sert à rien que tu prennes des cours si c'est pour arrêter une semaine après si tu ne veux plus en faire » « Abi' en fait elle, puis elle dit que c'est bien. »
Bien était un petit mot. Théodora partageaient la même passion que sa meilleure amie, la danse. Quand Abigaëlle venait chez elle, elles s'amusaient toujours à danser dans le salon et Amélia s'était rendu compte à quel point ça rendait sa fille heureuse.
« C'est Abi', je parle de toi là. Quel genre de danse voudrais-tu faire ? » « De la danse classique, je veux faire de la danse classique maman. »Une semaine après Théodora entra dans une salle de danse accompagnée de sa mère pour son premier cours de danse. Amélia avait cédé et avait fini par accepter que Théodora fasse de la danse. Elle lui avait acheté sa tenue de danse et ses demi-pointes afin de pouvoir convenablement apprendre à danser. Théodora aimait vraiment ça, en seulement quelques semaines elle était devenue la meilleure de son groupe en plus elle se retrouvait avec Abigaëlle, elle ne pouvait rêver mieux.
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Théodora venait de terminer ses cours et elle attendait son grand-frère pour rentrer à la maison. Ils étaient tous les deux au collège, Théodora avait 12 ans et elle avait déjà sauté une classe classes. A l'école elle avait toujours été une élève parfaite et très disciplinée. Appliquée dans ce qu'elle faisait, Théodora était de loin la meilleure élève de sa classe ce qui ravissait ses parents. Ca changeait de Jefferson, lui il n'avait jamais été doué à l'école, au contraire il n'en avait vraiment rien à faire.
Elle aperçue son grand-frère au loin, accompagné comme d'habitude par sa « bande ». Théodora n'avait jamais aimé ses fréquentions, qu'elle qualifiait de mauvaises fréquentations. A cause d'eux, elle avait comme grand-frère un ado rebelle qui ne cessait d'enchaîner les conneries.
« T'es toujours obligée de m'attendre Théo' ?! Sérieux, j'suis avec mes potes là. » « Déjà d'une, m'appelle pas Théo' et puis papa et maman m'ont dit que je devais t'attendre ici ce matin, parce qu'ils ne peuvent pas venir me chercher. »
« Bordel ! Ils font chier les vieux, y'a avait pas ta pote Abi' qui pouvait te ramener ? » « Non, puis de toute façon c'est avec toi que je dois rentrer. » « Pourquoi il faut que j'ai une soeur comme toi hein ! T'es chiante Théo' ! » Voilà à quoi se résumait leurs conversations la plupart du temps, Jefferson ne cessait d'envoyer balader sa petite soeur à chaque fois qu'elle lui demandait quelque chose et elle avait beau dire n'importe quoi, il s'en fichait royalement. Lorsqu'ils étaient plus jeunes, ils s'entendaient mieux, pas au point de se faire des câlins à longueur de journée, mais ils pouvaient discuter tranquillement sans que Théodora se prenne tout en pleine figure. Depuis qu'il était arrivé au collège, tout avait changé et désormais c'était à peine si elle pouvait lui adresser la parole sans risque de se faire envoyer balader.
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Enfin. Ils étaient arrivés à la maison. Jefferson avait mis du temps avant de lâcher sa « bande » ce qui avait fortement agacé Théodora. Ils allaient tous les deux, monter à l'étage pour se rendre dans leur chambre quand ils entendirent leurs parents s'engueuler.
« Tu comptais me le dire quand ? » cria leur mère
« Bientôt...Amélia laisse-moi tout t'expliquer, ça n'est arrivé qu'une fois...on avait bu et sincèrement tu ne sais pas à quel point je regrette...je m'en veux, pardonne moi, je t'en supplie » « Eh bien je vais te donner une bonne raison de le regretter, c'est terminé tu entends !! Je demande le divorce ! Je ne veux plus TE voir ! » Les larmes avaient inondé les joues de madame Hopkins, mais elle n'était pas la seule à pleurer. Théodora était en larmes et attrapant son sac elle courut jusqu'à sa chambre où elle s'enferma en claquant violemment la porte. Elle s'allongea sur son lit et posa sa tête sur son oreiller. Il fut trempé en peu de temps et après un certain temps Théodora ferma les yeux, dans l'espoir de s'endormir comme-ci tout cela n'était qu'un terrible cauchemar.
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Théodora était avec son frère dehors, assise sur les marches de l'entrée. Elle regardait son père qui mettait ses valises dans la voiture. Cela faisait une semaine que plus rien n'allait à la maison. La séparation, le divorce, les déménagements, leur famille n'était plus du tout heureuse. Leur père, Josh quittait la maison pour aller vivre en France, il avait des amis qui y habitaient et il allait vivre chez eux pendant quelques temps. Il avait essayé tant bien que mal de sauver son couple, son mariage et même sa famille, mais sans grand succès. Il avait trompé sa femme et c'était un geste impardonnable, il l'avait bien compris.
Les séparations furent dures et ce jour-là encore, Théodora pleura. Elle savait pertinemment que c'était de sa faute tout ça, elle aussi ne l'avait pas entièrement pardonné, pourtant elle ne pouvait pas lui en vouloir toute sa vie. Ce qui n'était pas le cas de son frère qui venait de rentrer dans la maison sans même dire au revoir à son père. Théodora le rassura du mieux qu'elle put, lui expliquant qu'il était dans sa phase d'ado et que ça lui passerait, même si au fond elle savait qu'il y avait peu d'espoirs qu'il lui pardonne. Un dernier mot et Josh monta dans la voiture, avant de la démarrer et de partir loin d'ici.
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Toutes les valises étaient prêtes, tout était rangé dans des cartons. Jefferson, Amélia et Théodora étaient prêts à partir à leur tour de Cambridge. Trop de souvenirs dans cette ville, ils se devaient de la quitter. Prochaine destination : Fawkham en Angleterre.
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Cela faisait déjà quatre semaines qu'ils avaient quitté Cambridge et qu'ils vivaient à Fawkham, dans une grande maison. Amélia avait toujours eu un bon compte en banque et pas seulement grâce à son ex-mari, son métier lui permettait de pouvoir vivre dans de belles maisons.
L'adaptation dans cette nouvelle ville ne fut pas une chose facile, bien au contraire. Au collège, on ne regardait qu'eux, ils ne passaient pas inaperçus. Ils ne connaissaient personnes et Théodora n'avait même plus sa meilleure amie avec elle, ce qui la bouleversait.
Cependant, elle a continué à prendre des cours de danse, mais en variant. Elle passait de la danse classique à de la danse moderne. En plus de cela, elle faisait partie d'une chorale dans son nouveau collège et c'est une chose qui l'a aidée à s'adapter au mieux dans cette nouvelle ville. Elle gardait toujours d'aussi bons résultats scolaires, malgré la séparation de ses parents, elle restait forte.
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Sa dernière année de collège venait de commencer et elle était plus qu'impatiente à l'idée de pouvoir bientôt aller au lycée. Les deux années qui ont suivie la séparation, le comportement de Théodora a quelque peu changé. Elle passait plus de temps à sortir avec ses amis et elle allait souvent dans des soirées. Pour autant, elle était toujours une brillante élève alors on ne l'empêchait pas de se lâcher un peu.
Néanmoins, à une soirée elle se lâcha un peu trop et termina la soirée dans le lit avec un inconnu. Le lendemain, elle l'a regrettée. Pour elle, faire l'amour était une chose importante qu'il ne fallait pas prendre à la légère, chose à laquelle elle n'avait pas du tout pensé lors de cette soirée. Un peu trop bu, Théodora ne s'était pas rendu compte qu'elle allait perdre en une soirée quelque chose d'important. Il était trop tard maintenant, trop tard pour faire marche arrière.
Après cet écart de comportement, Théodora s'est calmée pour à nouveau se concentrer dans ses études. Une nouvelle passion s'ajouta à sa liste déjà bien grande, la photographie qu'elle avait découverte lors d'un cours d'art plastique. Durant la même journée, quand elle était rentrée chez elle, Théodora avait demandé de l'argent à sa mère et était partie s'acheter un appareil photo. Depuis elle ne le quitte plus.
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Ca y est, enfin le lycée est arrivé. Elle y est depuis deux ans maintenant et il s'en est passé des choses en deux ans. Elle fait désormais partie des cheerleaders de son lycée et elle a aussi rejoint le glee club où elle peut enfin exprimer sa passion pour le chant et la danse librement.
Dans un sens, elle ne regrette plus tant que ça que ses parents se soient séparés. Ils semblent plus heureux maintenant et sans ça Théodora ne serait certainement pas venue vivre à Fawkham.