« C'est vraiment chiant ... Tu les entends ? J'ai l'impression qu'ils n'en ont rien à foutre de moi... » Le visage posé contre la fenêtre de ma chambre, assise confortablement sur le rebord/lit de celle-ci, j'écoute -sans vraiment écouter mon frère qui essaye de me rassurer quant aux disputes de mes parents. « T'inquiètes, petite soeur ! C'est juste une mauvaise passe ... Ça s'trouve, ça va renforcer leur mariage ! » C'est ce qu'ils disent tous. ' Les disputes renforcent un couple '. Non, je n'y crois pas. Pas depuis que j'ai entendu mon père crier au divorce. Pourtant, tout allait si bien ... Vingt-cinq ans de mariage, c'est beau tout de même ... Bien qu'ils s'étaient mariés très jeunes, ils ont réussi à tenir tout ce temps ... Et maintenant, tout cela va s'écrouler. « Allô ?» Oh, je me suis perdue dans mes pensées. Si bien que je n'aie même pas répondu à mon pauvre frère au bout du fil. « Ouais, si tu l'dis. » « T'iiiiinquiètes, j'ai toujours raison, non ? Bon, je dois te laisser. Vas dormir, demain est un nouveau jour ! » Tu parles ! Dormir ? Comment dormir avec tout ce vacarme qui se déroule sous mes pieds ? « Ouais, je vais essayer. Je t'aim... » Bip. Bip. Bip. Sympa le frère. Doucement je me glisse sous mes draps froids, essayant de penser à quelque chose d'autre que mes parents, seulement pour ne plus entendre leurs cris incessants. J'ai l'impression qu'ils ne pensent même pas à moi. Egoïstes. Toujours à se disputer juste sous mon nez, comme si j'étais insensible, comme si je m'en foutais ...

Heureusement, il y a mon frère ! Et bien qu'il ai cette manie de me raccrocher au nez, Dieu sait à quel point je l'aiiime ! Enfin, quoi qu'il est assez protecteur envers moi ... Trop protecteur. Oh, je me souviens, à l'école primaire, une 'grande', bien qu'elle n'avait qu'un an de plus que moi, prenait un malin plaisir à me pourrir la vie. Elle me tirait les cheveux, me volait mon goûté, m'humiliait devant les autres enfants, ce qui faisait que je passais la plupart du temps isolée à la récréation. Un jour, mon frère qui était déjà au collège -nous, les primaires, on avait une peur bleue des collégiens, les grands- avait remarqué que quelque chose clochait. Il m'avait saoulé pendant une semaine, avant que je fonde en larmes dans ses bras, lui racontant mes malheurs. Il est donc allé faire un tour dans mon école. « Tu vois ça ? C'est ma petite soeur ! Tu la touches ne serais-ce qu'une seule fois et je te fais bouffer le sol ? Tu m'as compris ? » Il tenait fermement la gamine par les épaules, elle avait l'air morte de trouille, et d'un côté, je la comprend. Si un grand serait venu me parler comme ça ... Je crois que j'aurais fait une crise cardiaque. Et c'est là qu'elle fondit en larmes, puis parti en courant. « Aller, viens on rentre. Tu m'dis si elle t'embête encore hein ? » Elle ne m'avait plus jamais emmerdé. En fait, elle a bien payé tout ce qu'elle m'a fait en perdant tous ses amis qui sont venus vers moi... Enfin, fermons cette parenthèse. Depuis qu'il a déménagé a Londres, la maison est viiiiide. Plus aucune communication. Après les cours, je fonce directement dans ma chambre. Ni de bonjour, ni de ' comment s'est passée ta journée ?' ma famille est détruite. Tout le monde en a conscience, sauf mon cher frère je crois ... Il continu de croire que ce n'est "qu'une passe", que "tout va s'arranger" ... J'aimerais qu'il ai raison, mais ne nous voilons pas la face : Ma mère a carrément cassé une assiette sur le dos de mon père il y a quelques jours. Dire qu'une amie à moi rêve que ses parents divorcent ! Oh, mais comment fait-elle ? C'est la pire chose qu'il pourrait m'arriver ! Devoir choisir entre mon père ou ma mère ... impossible.

« Hé, sainte Nitouche, comment ça s'fait que t'es pas à la messe ? » « Oh, toi ta gueule ! » Pourquoi ils me font tous chier ? Je ne comprendrais jamais les gens ... Si tu couches partout, tu es considérée comme une trainée, mais si tu es vierge, tu es considérée comme une sainte Nitouche. J'attends juste 'le bon' ! Ca peut sembler très cliché, je l'avoue. Ca l'est. Mais les mecs, tous des connards ! À croire qu'un mec bien, ça n'existe pas. J'ai failli coucher avec un mec, lui donner ma virginité, alors que je n'étais que l'objet d'un stupide parie entre lui et ses amis. Il avait l'air si adorable pourtant ... En une semaine passée avec lui, j'avais réussi à vraiment m'attacher. Il se montrait doux, attentionné, faisait des blagues à mourir de rire. Et dire que tout ça était faux ! Faux, faux faux ! Mais quel comédien ! Dans ce lit, à cette fête, j'étais à moitié nue ! J'allais perdre ma précieuse virginité ! Il a fallu qu'un de ses ami vienne involontairement me sauver. « Alors, tu l'as baisée ? Putain mec, cent livres ! Je crois que tu m'as baisé à moi aussi! » avait-il crié de l'autre côté de la porte. Il a fallu que la musique soit basse -il faut dire que la fête était nulle- et que le lit soit près de la porte pour que j'entende tout clairement. Merci mon Diiiiiieu ! Quelle humiliation sinon ! Bien que je pense que mon frère lui aurait bien cassé la gueule ... Voir pire. « Non ... C'est une blague ... ? Hein ? C'est une blague ? » Premier réflexe d'une femme trompée : Demander si c'est une blague. Son air déboussolé me fit bien comprendre que non. Les larmes me montaient aux yeux, mais je ne voulais pas pleurer. Non, pas devant lui. Je ne voulais pas sortir de cette chambre en larmes, sachant que tous ses potes se trouvaient derrière la porte à rigoler comme des porcs. J'enfilai vite mon t-shirt large, soudainement pudique et parti en courant, attrapant mon sac au passage. À la sortie, je sentais les regards lourds de ce qui lui servait d'amis sur moi, à ricaner. Hélas, ces mésaventures arrivent souvent aux jeunes filles naïves comme moi.

« Eff ... Je me suis inscrite au glee club. » Je tourne vivement la tête vers mon interlocutrice, ébahie. Après ce moment de choc, je ne peux m'empêcher de grimacer. Le glee club ? Non, c'est forcement une blague ! « Quoi ? Hé, mais attends ... tu te moques de moi ? » Elle mord sa lèvre inférieure, visiblement gênée. Ma meilleure amie, putain ! Je sais qu'elle a toujours aimé chanter et tout le tralala, mais c'est comme si elle m'a trahi ! « Mais pourquoi ? Pendant toutes les vacances on a parlé de rejoindre les cheerleaders ! On était toute excitées ! Et c'est maintenant, le jour des inscriptions que tu m'annonces que tu préfères les loosers aux winneuses ! Hé ben, bravo ! » Je suis déçue. Non, dégoutée. Non, en fait, j'ai pleins de sentiments qui se mélangent en même temps, c'est l'horreur ! Ma meilleure amie et moi chez les cheerleaders, le rêve qui vient de se briser. « Vivement la rentrée ! Tu crois qu'on sera prises chez les cheerios ? Oh, j'ai hâte ! » me disait-elle alors que nous étions au bord de sa piscine, cet été. Mon oeil ! Elle baisse les yeux. Je suis sûre qu'elle regrette. Je ferme mon casier brusquement, me retourne pour partir. « Attends ! Tu vas où ? Hé, mais tu restes toujours ma meilleure amie ! » Je lève les yeux au ciel, me tourne vers elle. J'ai envie de lui dire qu'elle a raison. Meilleure amie pour la vie, ce sont les mots que l'on se disait quand nous étions petites. À la place, je reste là, la bouche ouverte, incapable de sortir un seul mot. Je tourne la tête négativement avant de me retourner et partir pour de bon, cette fois.

Je ne lui ai plus reparlé depuis. Je ne me suis pas inscrite chez les cheerleaders non plus ... surement qu'elle m'a coupé l'envie. Mais si vous saviez à quel point je regrette ! Elle me manque terriblement et j'ai l'impression que tout cela est de ma faute. C'est vrai, je suis tout simplement stupide ! Faire la gueule pour une chose aussi insignifiante, c'est juste immature, j'en suis consciente. J'avais juste tellement envie de rejoindre les cheerleaders, d'être populaire, de fréquenter les beaux garçons de l'équipe ... avec ma meilleure amie. Et puis le fait qu'elle rejoigne les « loosers » m'a bloqué. Elle n'en aie pas une, je le sais. Mais pourquoi les rejoindre dans ce cas ? Rien ni personne ne pourra la remplacer. J'ai tellement besoin d'elle avec tout ce qui ce passe dans ma famille en ce moment ....