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Il restait trois minutes. On était à trois minutes de la sonnerie. Depuis le début du cours, au lieu d'écouter le prof parler, j'avais gardé le regard fixé sur l'horloge de la classe. Voilà presque une heure que je regardais le temps; et c'était presque fini. Enfin. C'est pas que j'aimais pas l'espagnol; mais presque. Le prof était sexy, aucun doute là dessus. Mais à quoi bon apprendre une autre langue, alors que je m'en contrefichais complétement? Si seulement on pouvait choisir les matières qu'on voulait faire... humm.. en fait c'était pas une bonne idée. Parce que je n'aurais pas l'audace de choisir une seule matière. Sonnerie. J'attrapai mon sac et me dépêchai de sortir de la classe. Enfin libérée pour une heure entière. En effet, c'était l'heure du déjeuner. J'attendis quelques secondes une amie à moi, avant de prendre un plateau et de me servir à manger. Aujourd'hui, c'était chou. Super, merci celui qui faisait les plats de la cantine. Le lycée était déjà assez nul comme ça, fallait qu'il soit pourri jusqu'à la bouffe. Ne mangeant que mon dessert, j'attendis tout de même mon amie, qui elle, appréciai les choux. Pas étonnant, elle mangeait tout ce qui lui passait sous le nez. Bizarre d'ailleurs qu'elle ne soit pas encore devenue grosse. Pendant quelle mangeait, je ne me gênai pas pour regarder tous les autres élèves du lycée autour de moi. Il y avait ces gamins qui chantaient, qui faisaient partie du glee club. Je me suis toujours demandé pourquoi le lycée avait formé un glee club: si c'était pour regrouper les losers du lycée (afin de leur faire croire qu'ils servaient quand même à quelque chose) ou si c'était pour animer ce lycée. Les deux me semblants probables, je n'avais toujours pas trouvé la réponse. Enfin une chose était sûre, c'est que jamais je n'allais intégrer cette bande de nazes. De l'autre côté de la cantine, il y avait la bande des footballeurs. Purée, ils étaient vraiment tous beaux comme des dieux là-dedans. J'avais d'ailleurs eu la chance de sortir avec un ou deux d'entre eux. Instinctivement, je cherchais Nate du regard, sans grand succès.

Une fois que mon amie avait fini son assiette, nous partîmes de la cantine, pour trainer dans les couloirs. Elle a commencé a me parler de son amour qu'elle avait pour un des footballeurs. Elle disait qu'il était beau, intelligent et adorable. Un footballeurs qui avait ces trois qualités en même temps? Je trouvais vraiment pas. Et pourtant, elle m'assurait que si. Une fois arrivée à mon casier, mon amie partit aux toilettes me laissant un peu de répit. Elle était bien gentille, mais dès qu'elle commençait avec ses niaiseries d'amour; qu'est-ce qu'elle était soulante. J'avoue, j'étais vache avec mes amies, mais moi j'étais pas une de ces filles qui avait un grand besoin de parler de ses amours. J'étais pas une fille qui tombait amoureuse en deux trois sourires. En fait, je tombait pas amoureuse tout court. Moi, j'embrassais, je couchais et je sortais à la limite. Mais tomber amoureuse ne faisait pas partie de mon langage. Je sortis des livres de mon sac et les plaçai dans mon casier en en prenant d'autres pour l'après midi. C't'aprem, c'était histoire, avec la peau de vache. J'allais encore m'emmerder. Il fallait que je me prépare psychologiquement à cette heure de cours. Je me posai contre mon casier et fermai les yeux. Je m'imaginai à quatre heure, la journée terminée. Vivement le week-end aussi, pour que je sorte en boite et que je me sorte les cours de la tête. Putain de lycée.

Aujourd'hui était journée chargée pour moi. En effet, elle commençait à neuf heures, par deux heures de cours très ennuyante. Ce que je faisais en cours ? Et bien, surtout quand il s'agit de Mathématiques, j'opte généralement par des sms envoyés de mon portable ou un morpion solitaire sur une feuille volante. Oui, les maths, c'est chiant. Surtout quand c'est un vieux crouton d'une cinquantaine d'années qui vous parlent de formules, et blablabla. Tout l'baratin y passait avec lui ! A moins grand désespoir. Deux heures plus tard, je me retrouvais en tenue pour le foot et son entraînement. J'allais enfin pouvoir me dépenser à ma guise. Trois plaquages d'encaissés, un doigt de cassé accidentellement à un coéquipier qui jouait dans l'équipe adverse pour l'entraînement furent le résultat de cette heure-ci. Bien sûr, je vis avec soulagement les douches pour me rafraîchir. Une petite heure plus tard, voici que j'étais à table avec mes amis les footballeurs au self. Quelle merde d'ailleurs cette cantine. Du chou aujourd'hui. Combien de calories là-dedans ? Sûrement insuffisant, même pour un nourrisson. Après avoir avalé seulement le dessert, un bout de pain et de la viande, toujours plus nourrissant que cet infâme chou, je décidais de sortir de la salle pour me rendre dans les couloirs. A peine arrivé dans les couloirs des casiers, voilà que je sens sur moi des dizaines de regards posés sur moi. Je tourne légèrement ma tête derrière moi pour voir si effectivement on m'observe et j'aperçois un groupe de filles, des cheerios d'ailleurs, me regarder avec insistance en souriant et en se mordant la lèvre. En remarquant que je les avais vues, quelques petits rires et chuchotements fusèrent et cessèrent lorsque je m'éloignais. Je cherchais mon casier pour aller prendre mes prochains cours quand je vis une personne qui m'était plutôt familière, même très. S'approchant de Sienna, j'ouvris mon propre casier tout près d'elle.

« T'endors pas ici, garde ça pour tes prochains cours de la journée. »

Rien que d'être posée sur ce casier, ça me faisait du bien. Bon, j'avais l'air conne; mais je redoutais vraiment cette heure de la mort avec la prof d'histoire. Je savais avec certitude que j'allais m'emmerder. A la limite, je pouvais envoyer des messages; mais cette vieille folle avait des yeux de lynx. Elle voyait tout. Et quand elle vous chopait, c'était direct chez le proviseur. Peau de vache. « T'endors pas ici, garde ça pour tes prochains cours de la journée. » fut la phrase qui me fit ouvrir les yeux d'un coup. Nate, comme d'habitude. Me relevant du casier je vis les cherrios en furies non loin de lui. Il me semblait bien que j'avais entendu des imbéciles rigoler. Re-concentrant mon attention sur Nathanael, je lui répondis d'un ton las: « Je me prépare à mon cours d'histoire, un problème? ». Mon demi-frère savait très bien l'ambiance qu'il y avait dans mes cours d'histoire; je ne manquais pas de le lui faire savoir en rentrant à la maison. Et oui, même si on s'engueulait, vannait et insultait presque tout le temps, il nous arrivait de parler de choses et d'autre. Enfin, en fait, c'était plutôt à table qu'on parlait de ces choses, quand nos parents nous obligeaient à raconter notre journée. Ma mère voulait toujours tout savoir. Ce qu'on aimait comme cour, pourquoi on faisait pas partie du glee club, pourquoi je sortais avec personne, où Nate était sortit le week-end dernier... Plus curieuse, tu meurs. Enfin, je crois bien avoir hérité d'elle, mais chut. Entendant encore une fois les dindes rigoler, je leur jetai un coup d'oeil, tout en affichant un regard moqueur envers Nathanael. « Elles sont en chaleur, ou c'est toi qui leur fait c't'effet là? ». Je savais que mon demi-frère était adulé au lycée; mais à ce point, ça faisait limite peur. C'était un footballeur, pas si mal dans son genre, dont la côte était toujours en hausse. Je devrais en être fière; être la demi-sœur du beau gosse du lycée, ça avait plein d'avantages. Mais en fait, ça m'emmerdait plus qu'autre chose que ces filles lui tournaient autour. C'était assez chiant, et vraiment insupportable. Dans les couloirs, j'entendais souvent sont nom chuchoté par des "outsiders" ou alors par les cherrios. Je devrais y être habitué, mais à chaque fois, ça m'énervait. Alors quand je les voyais, là, derrière lui, j'avais plus envie de les pourrir que de leur faire des sourires niais. Ahah Sienna, une salope? Mouais, vous avez tout compris.

Alors que je rangeais tranquillement mes affaires dans mon casier et prenais celles qui me seraient nécessaires pour la fin de la journée, les petits gloussements et chuchotement n'avaient pas cessés derrière moi. A vrai dire, au fil du temps, j'avais réussi à m'y faire. C'est vrai que ça ne le faisait pas avec tous les footballeurs, mais il fallait croire que j'étais un spécimen en mon genre. Trois ans déjà que c'était comme ça, et à vrai dire, je m'en lassais pas. C'était déjà mieux qu'entendre cette fois des rires moqueurs à mon encontre parce que j'aurais fait partie du Glee Club. Largement mieux. Alors que Sienna avait l'air d'avoir remarqué ma présence, je refermais mon casier et attrapais mes affaires que je tenais d'un main. Voyant l'air agacé de ma demie-sœur devant ces cheerios apparemment remplie d'espoir pour m'approcher, me parler voire peut-être même, me toucher, je décidais de plaisanter à sa question qui n'en était pas vraiment une.

« Hm, je penche pour les deux à vrai dire. D'ailleurs, je sais pas laquelle je choisirai si je devais en choisir une, hm... »

Faisant mine de réfléchir, j'attendais la réaction de Sienna qui n'allait sûrement pas tarder d'arriver. J'aimais bien la titiller, la rabaisser ect, mais ça se finissait toujours bien. A vrai dire, on arrivait pas à rester sans se parler. C'était simplement pas possible. Et ça, depuis longtemps déjà. Ca faisait maintenant bien 8 ans que c'était comme ça, et ça n'allait pas changer du jour au lendemain. Bref, en disant ça, je m'étais adossé à mon propre casier et souriais légèrement en observant discrètement ces filles qui vraiment, avait beaucoup d'espoir. Pas assez, tout de même.

Après ma question, j'avais pris mon portable qui s'était mi à vibrer. Un message. Jason. Je roulais des yeux. « Hm, je penche pour les deux à vrai dire. D'ailleurs, je sais pas laquelle je choisirai si je devais en choisir une, hm... » Je tendais mon oreille à ce que disait Nate, et tout de suite je tiquais. Jason, tu allais devoir attendre. Mon cher demi-frère se demandait devant moi, quelle fille il devait choisir. Mauvais choix mon chou; Sienna est une tueuse. Regardant attentivement les cherrios, je me demandais quelle vanne je pouvais lui lancer pour calmer ses ardeurs. Mais bon, elles étaient toutes belles ces saletés de cherrios. Alors à quoi bon faire une blague vaseuse? D'un ton réfléchit, je me décidai enfin à répondre à Nathanael: « Tu devrais en prendre une du glee club. Entre losers, vous ferez un beau couple. » J'affichai un sourire ravi, pour ensuite replonger dans le message que je venais de recevoir. Encore un de ces messages pleins de sous-entendus. J'en avais marre que ce garçon me harcèle; chaque semaine j'avais le droit à un message de lui, me proposant toute sorte de choses. J'avais beau le rembarrer, il était toujours d'attaque pour m'emmerder. Je m'empressais alors de lui envoyer un message bien clair "plutôt mourir que me retrouver seule dans une chambre avec toi, Jason". Dès fois, il me faisait vraiment flipper. Il avait le chic pour les clins d'œils dans les couloirs, où pour me toucher la taille et partir avant que je pique une crise. Si ça continuait, j'allais péter un câble.

En voyant Nate s'adosser à son casier tout en lançant des regards sur le côtés aux filles qui le regardaient; j'eus un petit rire moqueur. Il pouvait pas s'empêcher de faire le beau devant ses "fans"; si je pouvais dire ça comme ça. Je rangeai mon portable dans ma poche, pour à mon tour me poser sur mon casier. « T'arrêtes de te faire désirer. » répliquais-je avec un ton légèrement énervé. Il adorait qu'on l'adule, mais c'était vraiment soulant. Des fois, j'avais même envie de lui mettre des claques pour être comme ça. Mais bon, vu que la violence est un motif d'exclusion, je me contenais. « Me dis pas que tu envisages une seconde de sortir avec une de ces bécasses là, quand même..? » je m'arrêtai un instant pour reprendre avec le sourire: « Leur cerveaux ont la taille d'un petit pois. Rien qu'en prononçant ton nom elles jouissent sur place.. » Cette fois, j'avais fini cette phrase avec un ton sérieux. Je savais, les footballeurs étaient destinés à sortir avec les cherrios; mais moi, ce stéréotype, ça m'énervait.

Alors que je continuais d'observer les cheerios en chaleur du moment, Sienna pianotait sur son portable en me répondant verbalement. Allez, on était parti pour une petit joute verbale, une ! N'ignorant pourtant pas la petite réplique qu'elle avait lancé. Moi ? Un looser comme EUX ? Non, non. Pas possible. « Ça te ferais trop plaisir. Et puis, de toute façon, tu t'empresserais d'assassiner la pauvre malheureuse. Quel dommage. » J'avais prononcé ces dernières paroles en esquissant un sourire en coin. De toute manière, elle savait que j'avais raison. Que ce soit une fille du Glee Club, une cheerio ou une simple étudiante qui n'était dans aucun club, je savais pertinemment que Sienna ferait tout pour la pourrir. Des fois, d'ailleurs, ça m'énervait vraiment. Bon, c'est vrai, parfois elle m'évitait de devoir traîner avec un gros boulet à mes pieds, ou une blonde écervelée qui n'avait qu'un mot à la bouche "Moi". Ou encore une phrase du genre "Je me suis cassé un ongle ! Rha, j'avais payé cher ma manucure en plus, pff !" Oui, je sortais avec ce genre de filles. Mais uniquement pour coucher avec, m'amuser un peu et les jeter. D'ailleurs, en reportant mon regard sur le petit groupe de cheerios attroupé devant une série de casiers - sûrement les leurs - j'essayais de trouver laquelle devait avoir le QI le plus élevé. Après mure réflexion, toutes devaient avoir un QI de moule. C'était certain. Mais en entendant l'énième remarque de Sienna, je décida de lui répondre, tout en regardant toujours les cheerios avec insistance, histoire de les faire encore plus rire nerveusement. C'était tellement... pathétique et stupide. « Hm, peut-être, si. Après tout, j'ai bien le droit de m'amuser non ? Je vais peut-être les voir toutes en même temps. Et puis, ensuite, tu te chargeras de les faire pleurer. Ça te vas comme planning ? »