« Oh... quelle est belle ! Tu ne trouves pas Jack? » Mon père s'approcha du bébé - qui en effet se trouvait être moi. Il sourit et chuchota, la gorge nouée: « Elle est magnifique. ». Voilà, j'étais née. Neuf mois que mes parents m'avaient attendus; j'peux vous dire qu'ils étaient heureux. Ils avaient opté pour Monique comme prénom; mais la ressemblance trop frappante avec la maitresse du certain Clinton les freina. Ils ne voulaient pas que je devienne une fille de ce genre... Comme si un prénom allait y changer quelque chose. C'est pourquoi ils optèrent pour un prénom plutôt beau et facile à prononcer: Sienna. « Kate, on va être heureux tous les trois. » [ouais je sais Kate & Jack, Lost big fan --'] Il replaça une mèche de ses cheveux. « Je vous promet de t'offrir à toi et à Sienna une vie de rêve. » Ouais, menteur.

« Tu te casses avec ta collègue et sa gamine, et tu veux pas que je m'énerve? » je voyais ma mère, en bas de l'escalier, en train de balancer toutes les choses qu'elle avait à portée de main sur mon père. J'avais sept ans, et mon père avait prévu de nous abandonner. Il avait ses valises en main, et un visage triste. Ou bien apeuré, aucune idée. Moi dans mon coin, je pleurais. Je n'avais jamais vu mes parents s'engueuler à se point. Et ce jour-là, j'ai su qu'on n'allait plus jamais être réunis. « Kate.. comprend moi. Je suis tombé amoureux. J'aime Juliet. Ca m'est tombé dessus, comme ça. Je n'y peux rien... » Il parlait calmement, comme s'il espérait que ma mère pouvait envisager de lui pardonner. Même moi je savais que c'était perdu d'avance. « Et qu'est-ce que t'en fais de moi ? Et encore mieux: Qu'est-ce que t'en fais de Sienna, ta fille? » Mon père soupira. Il réfléchit un instant; sûrement à une possibilité. Mais pour lui, il n'y en avais aucune. « Je ne peux pas rester. Désolé. » C'est ainsi qu'il passa le pas de la porte, sans prendre le temps de me dire au revoir. Ma mère passa la semaine à pleurer, et moi de même. Mon père, mon modèle, l'homme le plus important de ma vie, était partit. Tout semblait s'effondrer autour de moi.

Deux ans plus tard. « Nana.. je voudrais te présenter James, ainsi que Nathanael. » Je tournais ma tête de la télé, pour voir les deux hommes en questions. Enfin, un en était un. L'autre, un garçon de mon âge. Je regardais ma mère d'un air interrogateur, et elle enchaina. « James est mon... nouvel amoureux. Et Nathanael est son fils. » « Ton amoureux? » demandais-je outrée « Oui.. nous sortons ensemble depuis quelques mois déjà. » Grande nouvelle; ma mère se tapait un gars sans que je sois au courant. Mais je n'étais pas au bout de mes surprises. « Et.. nous comptons nous marier. » Ces dernières paroles m'avaient totalement figé. Prise de rage, je quittai le sofa et montai à l'étage, dans ma chambre. Ce n'était pas une réaction très courtoise, je le savais. Mais au fond de moi, j'avais toujours espéré que mon père revienne parmi nous. Quelqu'un frappa à la porte. Énervée je ne répondis pas; mais ça n'empêcha pas la personne d'entrer. Ma mère. Elle avait ce regard qui disait "je te comprend"; comme si elle avait prédit ma réaction. « Ma chérie.. ne t'énerve pas comme ça. » Je la fixais, avec un regard boudeur. « Je m'en fou. Je veux pas que tu te marries à cet homme. » Elle me fixa dans le blanc des yeux, et prit un ton calme. « Sienna. Je suis amoureuse de James. Il me rend heureuse... ne veux-tu pas que ta mère soit heureuse? » Je baissai les yeux. Soit ma mère se morfondait toute sa vie, soit elle avait un espoir de sourire à nouveau. « Si. » me résignais-je à dire.

Voilà. Ma mère était mariée à James. Même si l'idée ne me plaisait pas trop, je faisais toujours un effort d'être aimable avec eux. James s'avérait être au final quelqu'un de bien qui méritait ma mère. Je lui devais bien ça. Quand à Nathanael, mon nouveau demi-frère; tout nous destinait à se détester. Lui, ne voulait pas de ce mariage car il pensait que son père devait pleurer le décès de sa mère jusqu'à la fin de sa vie. Et moi, je n'en voulais pas car je voulais que mes parents se remettent ensemble. Au début, on ne se parlait pas trop. On ne s'adressait que la parole pour des banalités, telles que "merci" ou même "bonjour". Mais plus les années évoluaient, plus on se parlait. Mon caractère a vraiment pris forme quand j'avais dans les environ de 13-14 ans, et c'est vers cet âge là que j'ai vraiment commencé à avoir une complicité avec Nathanael. On faisait tout comme on ne s'aimait pas; c'était vannes et piques tous les jours. Je lui en envoyais plein la tête, et lui aussi. Mais au fond, on s'adorait. Et on en était tous les deux conscient. Seulement à cet âge là, on ne se doutait pas encore une seconde de l'ampleur de notre relation.

« Putain Nate, t'es vraiment qu'un con ! Pourquoi tu l'as tapé? C'est mon copain bordel ! » J'étais dans la chambre de Nathanael, entrant comme une furie en apprenant ce qu'il avait fait. « C'est qu'un con Sienna; il te trompe et toi tu t'en balances ! » « Mais ferme là, et laisse moi m'occuper de mes affaires par moi-même ! T'es vraiment qu'une pauvre merde. » Je le regardais avec un regard plus qu'énervé; mais le sien était encore pire. Je l'avais blessé. « Ça m'étonne pas qu'il te trompe Sienna. T'es qu'une pauvre salope. » Je le fixai, révoltée par ce qu'il m'avait dit. En rage, je sortis de sa chambre en entrai dans la mienne en claquant la porte. Une fois toute seule, je me mis à pleurer. Ses paroles me blessaient. Des gens disaient ça au lycée; parce que j'étais une fille qui aimait "s'amuser", mais ça ne m'importait peu. Que ce soit lui qui le dise; là ça me blessait. Alors que j'avais les mains enfouies dans mon visage, j'entendis la porte s'ouvrir doucement. Je sentis soudainement des bras m'enlacer. J'enlevai mes mains, et vis que ce n'était autre que Nate. Je serrai notre étreinte. Le simple contact de ses mains sur moi et son souffle dans mon cou me donnaient des frissons. « Pardonne moi » murmura-t-il. Je fis stopper mes larmes, et murmura à mon tour: « On oublie. ».

Au lycée, je suis cataloguée comme une fille facile. Le genre de fille qui couche avec tout le monde, vous voyez. En même temps, c'est pas tellement faux. Je suis jeune, et il faut profiter de la vie. J'ai pleins d'amis, et quelques vrais amis. Mais au fond, la seule personne qui ne me comprenne vraiment, c'est mon demi-frère. Notre relation est cependant très complexe. On s'insulte jour et nuit; mais au fond, on s'adore. Quand il approche trop une fille, je fais tout pour détruire sa réputation ou alors pour la pourrir devant lui. Et lui, dès que j'ai un copain, il veut le taper. Ce n'est pas vraiment la relation que devraient alors un demi-frère et une demi-sœur, si?
D'ailleurs, je dois vous avouer que je pense constamment à lui.