On dit toujours que ça n’arrive qu’aux autres. On pense qu’on est intouchable, que ce genre de choses ne peut pas nous arriver, parce qu’on est soudés. Et pourtant, même la plus soudée des familles peut se déchirer et retomber en milles morceaux. Ne dîtes pas que tout finit bien. Soyons honnêtes, un peu. Ca ne finit jamais bien.
Et ces familles, déchirées en leur sein, se détruisent encore davantage. Mais quelqu’un a-t-il pensé aux répercussions sur les enfants de cette famille? Oh ça, oui, ils y pensent, ils se disent que ce serait tragique, difficile pour eux, ce genre de chose, qui, quand on l’entend, ne fait pas du bien du tout. Mais la vérité, mes amis, la vérité, c’est que la plupart de ses familles se déchirent à cause de leur égoïsme, de leur égocentrisme, de leur jalousie, de la paranoïa, et je peux continuer ainsi longtemps. Et la famille Sanders, et l’une de ces familles..

Mais je vais trop vite. Soyons clairs et concis, la famille Sanders était autrefois une famille heureuse. Athénaïs n’est pas fille unique ; elle a un frère, un petit frère, qu’elle adore. Les deux enfants ont été élevés par leurs parents selon ce qu’ils jugeaient bon, et la fidélité en était l’une des vertus principales… Leur enfance fut des plus heureuses, de même que la préadolescence. Rien ne laissait présager de l’ouragan qui allait emporter leur famille dans un tourment de disputes.

« J’arrive pas à y croire ! TU nous as appris à quel point c’était important, et là, tu te permet en plus de trahir tes propres maximes? » « Calme-toi, Athénaïs! Il ne s’agit en rien de ça, et tu le sais très bien. Evelyn n’y est pour rien, dans ce divorce .. » « Divorce ? Divorce ? Voilà que tu emploies déjà les grands mots! Et ta catin y est pour tout! » Athénaïs tourna les talons, et claqua la porte de sa chambre avec violence. Les propos de son père lui étaient insupportables. Qu’il tente de se justifier, c’était encore pire. Qu’importait s’il avait prévu de divorcer avec sa mère, il aurait au moins pu attendre la fin du divorce pour se montrer en public avec cette catin d’Evelyn! Sa mère avait elle aussi du mal à surmonter l’épreuve, sans parler du petit frère, Jason, qui lui aussi n’aimait pas la situation. Cela faisait déjà plusieurs années que ses parents ne s’entendaient plus de la même façon … le moindre détail était sujet à de violentes disputes.. Et quand, il y a à peine un mois, Mr Sanders était rentré chez lui, un vendredi soir, il avait annoncé qu’il avait fait une rencontre, et qu’il voulait divorcer. La procédure avait été enclenchée, aucun des deux parents ne pouvaient plus se supporter … Tandis que son père se pavanait en public avec une autre femme, sa mère, elle, restait une célibataire. Mais le pire était à venir.

« Comment ça? C’est quoi ce bordel? » « Le juge a tranché. La garde revient à ton père. » « Je vais tuer ce juge de mes mains. » « Ne sois pas stupide, Effy, ça ne changerait rien. » « Mais je ne veux pas aller avec lui! Avec sa catin et ses deux bestiaux! TU est ma mère, c’est toi qui devrait avoir eu la garde… » « Surveille Jason pour moi, il aura besoin de toi. » Bien sûr, tous le monde savait que ses parents avaient divorcés, mais ce que tout ce beau ignorait, c’était quel enfer c’était. Evidemment, Ephigénie n’en laissait rien paraître. Au lycée, elle était enjouée, toujours aussi folle, toujours la première à rire. Et la vérité, c’est que rire ainsi lui faisait oublier que, chaque soir, elle devait rentrer dans une maison qu’elle n’aimait pas, dans une famille qu’elle avait appris à détester. Les deux fils d’Evelyn étaient insupportables, et souvent, Athénaïs sortait de ses gonds, mais rien n’y faisaient. Ils étaient ses enfants, ses chéris. Elle, elle n’était que l’enfant d’une autre. De toute façon, songeait-elle, il ne me reste qu’un ans… Après, la majorité, le droit d’aller ou bon lui semblera. Personne ne pourra l’en empêcher.

Mais Ephigénie doit aussi beaucoup à ses amis. Si elle a tant pu tenir ainsi le coup, ne pas sombrer dans un mutisme profond, rester la casse-cou dingue qu’elle est, c’est grâce à eux. Grâce, à, en fait une personne bien particulière. Il ne peut pas exister d’Athénaïs sans Savannah Showing. Cette fille, a été son oxygène, celle avec qui tout était devenu possible … Toujours là à se fourrer dans les pires bêtises possibles. Et leur unité fait leur force..